the madness

La mode donnera-t-elle une représentation et un pouvoir différents aux sujets caractérisés par le pouvoir médical ? Le sujet regardé peut-il renvoyer au spectateur sa propre singularité, le suspendre et le pétrifier par sa beauté et sa singularité ?

La folie n'est pas l'apanage de n'importe qui. Un organisme faible, une imagination déréglée, des conflits qui dépassent les capacités ne suffisent pas à provoquer la folie. Il se peut qu'un corps solide comme un roc, des identifications puissantes et la complaisance envers le destin, tel qu'il est écrit dans les étoiles, conduisent plus sûrement à trouver la folie séduisante.

Jacques Lacan, Écrits, 2005, p.144

Ce projet photographique n'a pas l'intention d'examiner toutes les maladies du moment à travers la perspective masculine du pouvoir médical ; le polymorphisme de la maladie mentale a toujours résisté aux tentatives de la psychopathologie de découper des êtres humains vivants en échantillons silencieux. Ainsi, la photographie de mode en tant qu'outil prendra également un chemin très différent des photographies d'hystériques de Charcot, où le langage muet du film photographique doit porter le cri contemporain de l'anxiété et de la peur plutôt que d'emprisonner le corps sur un pilier de honte - permettant aux photographies silencieuses d'être les échos du Pathos du corps contemporain. Le stylisme est le moyen par lequel ces corps affirment leur souveraineté et démontrent leur singularité.

Les symptômes exprimés dans ce projet photographique peuvent avoir une longue histoire et partager un mécanisme similaire à la folie des gens modernes, mais au niveau individuel, ils dessinent un paysage privé avec une vitesse et une intensité différentes, au lieu du paysage normatif. Ils vivent seuls dans leur monde subjectif, où ils sont rois, sorcières et mendiants. L'atmosphère silencieuse en noir et blanc qui pénètre ces corps crée un grand bruit du monde intérieur, où le corps est constamment envahi, tout en restant fragile et digne.